Après une longue journée fatigante dans le monde du capitalisme, vous rejoignez vos amis dans un bar. Pour ne pas vous sentir exclus, vous les suivez dans leur périple de la consommation de bière. Et c’est parti vous buvez une, et deux, puis trois pintes et ça y est vous êtes lancé dans l’aventure de l’alcoolémie. Vos idées ne sont plus tout à fait claires, vous êtes pas tout à fait vous même. Mais cela vous plaît, cette sensation de ne plus réellement être maître de la situation, de ne plus rien contrôler. Et alors que la conversation bat son plein, un de vos amis lâche la blague qui fait l’effet d’une bombe. Un gros blanc éclate, plus personne ne parle tant la blague n’est pas drôle, cependant il y a un bruit de fond, c’est vous qui êtes en fou rire. Tout le monde vous regarde et se demande, alors que vous n’auriez jamais ri à cette blague en tant normal. Mais la question est vite résolue « C’est que les pintes font leur effet !» Et tout le monde part dans le rire, la situation est sauvée. Vous vous demandez vous même alors si c’est l’alcool qui vous a créé cette réaction, c’est la question à laquelle nous allons essayer de répondre.
Les effets de l’alcool sur l’humeur
L’alcool est une substance que l’on dit anesthésiante, elle agit donc comme narcotique sur les cellules du cerveau. Cela a pour effet de créer un ralentissement de la communication entre les neurones. Il va donc agir sur votre champ visuel qui va se rétrécir. Votre attention et votre concentration vont être altérées et vont relativement augmenter. Par exemple, à une alcoolémie à 0,8%, le temps de réaction est rallongé de 30% à 50% comparé à une personne qui n’a pas bu.
Il aurait pour effet d'améliorer l'humeur. En effet, des doses d’alcool faibles ou modérées ont un effet euphorisant grâce à l’activation du système de récompense qui permet de libérer de la dopamine, qu’on appelle souvent « l’hormone du plaisir, ou du bonheur ». Une étude de l’Université de Reading orchestrée par David Waburton, chercheur notamment sur les effets du tabagisme, a confirmé ce lien entre la bonne humeur et l’alcool. Pour cela il a demandé à des personnes ayant bu une dose standard d’alcool ( une bière ), après une conversation, les mots dont ils se rappellent. Il a donc observé que les sujets ont favorisé la mémorisation des mots à connotation positive, le rappel des mots du champ lexical du bien-être est amélioré. Alors que pour les mots neutres rien ne change. Et pour les personnes qui n’ont pas consommé d’alcool, on a observé aucun changement.
Cette amélioration de l’humeur est illustrée dans l’art et notamment dans le cinéma. L’art étant un refuge pour l’illustration de nos émotions et l’alcool étant un moteur pour les décuplés. C’est donc un sujet qui passionne les artistes comme on peut le voir au travers d’Un Singe en Hiver d’Henri Verneuil. Grand film de la Nouvelle Vague sorti en 1961, c’est un récit qui nous fait rêver au travers de Jean Gabin et Belmondo et de leur vie de bohème et de voyage dans laquelle l’alcool joue un certain rôle. Et cela est illustrée avec tout un tas de scène pleine de joie de vivre:
Nous savons donc que l’alcool améliore l’humeur grâce à la science et à l’art. Mais pour arriver au rire, Geoff Lowe de L’Université de Hull a fait projeter des films comiques à des personnes ayant consommé de l’alcool et d’autres non. Il a comparé le nombre de verres consommé et les éclats de rire des sujets. Le résultat met bien en lien ces deux variables et l’alcool aurait donc bien pour effet de rendre le rire plus propice.
Le contexte social
Cependant, bien que l’alcool améliore notre humeur, cela dépend beaucoup du contexte. Selon l'enquête vamm, 11% seulement des personnes qui consommaient en compagnie d'amis avaient trouvé ce moment désagréable, tandis que c'était le cas de 35% des buveurs solitaires. L’alcool aurait aussi un effet socialisant, toujours selon cette enquête, 65 %des sujets interrogés disaient que l'alcool les rendait amicaux et agréables, et 47% qu'il les rendait bavards.
Pour que l’alcool ait cet effet si agréable, il faut donc un contexte social propice.
Cela s’illustre au travers de l’art comme dans le tableau de l’impressionniste Norvégien Peder Severin Kroyer. Il s’intitule « Hip, Hip, Houra » et met en scène un groupe de personnes autour d’une table à consommer de l’alcool. C’est un contexte où les personnes ont l’air heureuse et l’alcool y fait vivre la bonne humeur.
Ce contexte peut se trouver dans différentes situations qu’elles soient professionnelles, familiales ou amicales. Selon l’ISPA, les motifs de consommation se catégorisent par des facteurs extérieurs ou intérieurs à la personne:
Les motifs de renforcement qui sont en rapport avec l’état intérieur de la personne et qui sont censés provoquer des sentiments positifs comme les motifs de sensation provoquées ou de recherche d’amusement.
Les motifs de «coping» qui sont en rapport avec les conditions internes à la personne et sont censés atténuer les sentiments négatifs au travers de motifs de déprime, de mauvaise humeur ou d'oubli des problèmes.
Les motifs sociaux qui sont en rapport avec la situation et sont également censés provoquer des sentiments positifs, par exemple, boire pour faire la fête avec ses ami-e-s.
Les motifs de conformité qui sont en rapport avec des conditions externes et sont censés permettre d’éviter les sentiments négatifs, par exemple, boire pour ne pas être rejeté par un groupe social donné.
L’alcool est donc bien déclencheur de rire, il stimule notre humeur et joue avec nos émotions. Cependant, que ce soit au travers du motif pour lequel on boit ou du contexte, cela peut très vite faire varier les effets. Pour que ceux-ci nous amènent à une humeur positive. Il faut que le cadre dans lequel nous sommes soit propice comme dans un bar avec des amies ou un dîner jovial de famille. Il faut aussi que les raisons pour lesquelles nous buvons soient saines, que ce ne soit pas pour oublier ou à cause d’une quelconque pression sociale. Tout cela nous aide à profiter des effets de l’alcool, avec une consommation modérée car malgré le contexte parfait une consommation trop importante ne peut que se finir mal.
Sources :
Laurent Bègue-Shankland, 01/09/2008, Alcool et plaisir. Cerveau&Psycho, volume 29, https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurobiologie/alcool-et-plaisir-1404.php
ISPA, 2008. Pourquoi consomme-t-on de l’alcool? Raisons et motifs. Dr Paul Wiesel. Consulté le 15/10/2022 sur https://www.drpaulwiesel.ch/cms/images/fiches-maladies/alcool-raisons-et-motifs.pdf
Addiction Suisse, 2015, L’alcool dans le corps – effets et élimination. Consulté le 15/10/2002 sur https://www.addictionsuisse.ch/fileadmin/user_upload/DocUpload/alcool_corps.pdf
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