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  • Photo du rédacteurJeremy

Goutte de Film: Mouchette

“Sans moi que deviendront-ils? Ça me tient jusqu’au milieu de la poitrine, On dirait qu’en dedans c’est de la pierre”

C’est sur les mots de la mère de Mouchette que s’ouvre le film. Ces derniers font penser qu’elle laisse sa famille vers un destin funèbre. Pour imager son propos s'ensuit le regard perçant et intimidant d’un chasseur. Il attend que sa pauvre proie, petite et innocente, agonise dans son piège. Tel un prédateur, il ne laisse paraître aucune émotion. Tout comme le regard de Mouchette vide durant tout le film.

Les prédateurs apparaissent alors sous plusieurs formes. En commençant par sa professeur de chant, qui l’humilie alors qu’elle refuse de chanter “Espérez, plus d’espérance” et ce, devant toute sa classe, la poussant aux pleurs. Elle est ensuite moquée par ses camarades, la laissant à l’écart. D’autres se dénudent devant elle.


Elle n’est en réalité en sécurité nulle part. Même lorsqu’elle essaye de s’amuser sur des auto-tamponneuses, les regards pervers, malsains, sont toujours là pour saboter l’innocence de la scène. Mouchette est livrée à elle-même, elle doit chez elle s’occuper de sa mère malade, de son petit frère alors seulement nourrisson mais aussi des tâches ménagères.

Elle est alors, malgré son jeune âge, une adulte, ou plutôt une fausse adulte. Elle doit faire face à des responsabilités qui la dépassent et essaye tout de même d’être une enfant en allant se perdre dans la forêt. La pauvre gamine tombe alors sur le chasseur, prédateur ultime du film, au sourire narquois. La cruauté poussée au paroxysme, la poussant à boire de l’alcool et de se laisser livré au viol, tombant dans une fausse romance qui n’est que pédophilie.


Malgré ce qu’elle vit, personne pour l’écouter. Elle est seule, face à tous, dans ce monde cruel. Plus rien n’a de sens, elle s’échappe telle la colombe du début. Dans son foyer les responsabilités la prennent de court et seul l’innocence de son frère dans ses bras lui laisse le temps de pleurer.


Pour couronner le tout, s’ensuit la mort de sa mère. Annoncée de manière froide, sans aucune délicatesse. Mouchette est livrée à ses émotions et s’attire l’antipathie des gens du village. Le film se ferme sur la jeune fille, s’enroulant dans ses draps, se laissant noyer dans la rivière telle Ophélie dans Hamlet. Robert Bresson nous livre un film sur l’injustice dans lequel l’émotion est laissée de côté, mais crée tout de même l’empathie du spectateur. Il résonne comme un témoignage de la violence de la France d’hier mais aussi sur la condition des femmes et des fillettes.







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